Au cours de la décennie écoulée, l’Afrique a été de loin le continent à avoir enrégistré le plus grand nombre de putschs dans le monde.
Et l’Afrique de l’Ouest se trouve dans la spirale des putschs militaires. Après le Mali en août 2020 puis en mai 2021 et la Guinée en septembre, le Burkina Faso a vécu un deuxième putsch en huit mois.
Le pays de Thomas Sankara a connu vendredi un second coup d’Etat en huit mois, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, arrivé au pouvoir par un putsch fin janvier, a été à son tour démis de ses fonctions par des militaires. C’est le cinquième coup d’Etat en Afrique occidentale depuis 2020.
Les militaires profitent toujours du sentiment que les élites soient déconnectées pour revenir en force. Le politicien africain aspirant au pouvoir ne se soucie guère généralement de l’ordre constitutionnel démocratiquement établi par l’expression de la volonté populaire et majoritaire issue des urnes. Ils trompent toujours leurs frères pour donner un semblant de légitimité à leurs coups d’état. Mais il quitte toujours le pouvoir mal acquis par un autre coup d’état perpétré au nom du peuple désabusé par un autre trompeur.
L’infantilisation et l’abrutissement des masses incultes sont les moyens sournois auxquels les politiciens africains font recours pour accéder au pouvoir par des coups d’état militaires ou par des soulèvements populaires. Ils chloroforment leurs concitoyens avec des discours nationalistes démodés contre un néo colonialisme qui, en réalité, est le bouc émissaire de l’incapacité de la classe politique africaine d’arpenter le sentier du développement. Ils créent ainsi un complexe psychologique qui inhibe la faculté de développement de la majorité de leurs compatriotes qui passent des générations à blâmer un passé colonial bel et bien révolu.
Les coups d’état se succèdent en Afrique progeant les régions affectées dans l’incertitude et la confusion totale. Et ces événements ne rassurent pas le reste du continent.
Demain, à qui le tour ? C’est la question qui fait désormais frémir l’Afrique de l’Ouest. Les coups d’Etat semblent faire tache d’huile dans cette région: par deux fois au Mali, une fois en Guinée, et au Burkina Faso, deux fois. Si les putschistes en uniforme justifient leur prise du pouvoir par des raisons locales, leur retour brutal dans le champ politique démontre que les sanctions et les rodomontades internationales n’ont aucun effet dissuasif et que les principes démocratiques sont en régression dans cette zone.
Aly Saleh journaliste