Fondée le 28 mai 1975 par le Traité de Lagos, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) fêtera au mois de mai prochain ses 50 ans d’existence. Cette organisation qui regroupe 15 pays d’Afrique de l’Ouest, vise à promouvoir l’intégration économique, sociale et politique de la région. Au cours de ses cinq décennies, à côté de ses avancées visibles, le bloc sous-régional a fait face à des défis pour institutionnaliser les valeurs démocratiques, l’intégration et le développement.
Cinquante ans plus tard, le bloc régional peut se targuer de succès significatifs en matière d’intégration, de paix et de sécurité et de bonne gouvernance, mais il doit également faire face à certains défis. Aujourd’hui les réalisations et les défis de l’organisation, ainsi que les efforts en cours pour renforcer l’intégration.
Les réalisations de la CEDEAO à ce jour ?
Les réalisations de la CEDEAO au cours des 50 dernières années peuvent être résumées en un point clé : de la création d’une organisation à la construction d’une communauté.
La CEDEAO a été créée en pleine guerre froide. Le seul domaine dans lequel les gens pouvaient se réunir et trouver un terrain d’entente était l’intégration économique, et non politique ou idéologique.
Le protocole sur la libre circulation des personnes, des biens et des services (1976) permet aux citoyens de séjourner dans n’importe quel État membre et a été la carte de visite de la CEDEAO au fil des ans. Le fait que les habitants de l’Afrique de l’Ouest n’aient pas à se soucier de l’obtention d’un visa lorsqu’ils traversent les frontières de la région est une réussite majeure.
L’Afrique a connu de nombreux bouleversements après la guerre froide ; sans la CEDEAO, toute la région aurait pu être plongée dans des guerres fratricides. Si vous vous souvenez bien, une guerre a commencé au Liberia vers la fin de 1989 et s’est poursuivie tout au long des années 1990, s’étendant à la Sierra Leone et affectant la Guinée et la Côte d’Ivoire.
D’un bloc économique à une union économique et politique. Que de chemins parcourus !
La CEDEAO est une communauté. Nous sommes solidaires. Nous pouvons avoir des défis ou des différences, mais se retirer n’est pas la solution. Les pays qui ont l’intention de se retirer parlent de leurs ambitions panafricaines et d’autres choses, mais la base du panafricanisme est l’intégration. Étant donné que la désintégration ne favorisera pas le panafricanisme, nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour que ces pays restent dans le giron de l’Union. Cependant, il est important de noter qu’un pays ne peut pas décider un jour de se retirer de la CEDEAO. Il y a des procédures à suivre, conformément à l’article 91 du traité de la CEDEAO.
La réunification du bloc de la CEDEAO, une urgence
Ce qui nous donne de l’espoir, c’est que la CEDEAO a tenu son sommet extraordinaire en février 2024 et a levé les sanctions sévères contre le Niger, et nous les avons encouragés à revenir au sein de la Communauté. Nous espérons qu’ils comprendront que les avantages d’être ensemble l’emportent largement sur les inconvénients.
Recommandations pour l’avenir
Pour concrétiser sa vision d’une Afrique de l’Ouest prospère et stable, la CEDEAO doit :
• Améliorer sa réponse aux crises : renforcer les liens entre les systèmes d’alerte précoce et les mécanismes de gestion des crises afin de s’assurer des interventions rapides et efficaces.
• Renforcer la diplomatie stratégique : développer des stratégies diplomatiques plus efficaces pour gérer les relations avec les régimes militaires et une meilleure médiation lors des crises politiques.
• Consolider la gouvernance et la démocratie : mettre en place des mesures plus strictes contre le phénomène du « 3ème mandat » (tentatives de prolongation des mandats présidentiels) et renforcer les institutions électorales pour garantir des élections libres et crédibles.
• Investir dans la consolidation de la paix et la reconstruction : privilégier la consolidation de la paix plutôt que le simple maintien de la paix, en s’attaquant aux causes profondes des conflits et en garantissant une stabilité durable.
• Renforcer l’engagement de la société civile : approfondir les partenariats avec les organisations de la société civile, les mouvements à la base et les acteurs locaux pour promouvoir un développement régional inclusif.
• Réformer les partenariats avec les acteurs extérieurs : redéfinir les cadres de coopération avec l’UA, l’ONU, l’UE et d’autres partenaires pour assurer un respect mutuel, un alignement stratégique et une meilleure coordination.
• Créer une force de défense régionale : développer un cadre de sécurité cohérent, inspiré du modèle de l’OTAN, pour mieux répondre aux menaces régionales et renforcer la stabilité.
• Accélérer l’intégration économique : accélérer la mise en place de la monnaie unique ECO en veillant au respect des critères de convergence, tels que le maintien de l’inflation en dessous de 10 % et d’un ratio dette/PIB inférieur à 70 %.
• Renforcer les capacités financières et institutionnelles : consolider les ressources financières et le cadre de gouvernance de la CEDEAO pour améliorer son efficacité et attirer les investissements.
Mamoudel BOCOUM – DakarPress (Sénégal)