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Discours sur Civisme et Développement (Pr Silvain Diandy)

Civisme, citoyen sont des termes qui ont traversé l’histoire tout en s’adaptant au contexte des différentes époques. Utilisée pour la première fois, dans les cités grecques, la citoyenneté insinuait une appartenance à une cité et une participation à la vie de cette dernière. De ce fait, la qualité de citoyen était discriminante, car étant exclusivement réservée à un groupe. Il faudrait cependant, attendre le siècle des lumières, plus précisément, la révolution française de 1789, pour voir la citoyenneté étendue à tout le peuple.

Ainsi la révolution française, en plus d’étendre la citoyenneté à tous, a changé les rapports, droits et devoirs, entre individus au sein de la communauté, laquelle est incarnée par la République. Ce contexte nouveau impliquait également une adaptation de la citoyenneté. C’est ainsi que celle-ci en plus d’être appartenance, participation, intègre le civisme qui est une manière, d’agir dans sa collectivité .Autrement dit, le civisme est un ensemble d’aptitudes morales et sociales qui permettent d’être un bon citoyen.

D’une certaine manière, on voit par ce qui précède, que la citoyenneté est une manière recherchée d’appartenir, de participer à la vie de la République.  Dès lors, une question mériterait d’être soulevée : dans le contexte national comment devons-nous manifester notre citoyenneté ?

D’emblée, il faudrait convenir que le contexte national sénégalais est assez paradoxal. En effet, le Sénégal dispose d’une part d’institutions  adossées à de solides textes et règlements : constitution, code de la route, règlementsintérieurs pour ne citer que ceux-là. D’autre part d’hommes et de femmes brûlant du désir de réaffirmer leur appartenance et de participer à la gestion de la République. Mais le constat est là, depuis plus de soixante ans d’indépendance, le Sénégal demeure pauvre, en crise sporadique des institutions et des valeurs. Qu’est ce qui se passe ? Tout, devrait marcher à partir du moment où on a les institutions et les ressources humaines. Hélas, non la dure réalité est là, les institutions et les personnes ne suffisent pas, il faut l’art de la recherche du bien, du meilleur non pour soi, mais pour la République, bref le civisme.

Par conséquent il ressort de ce constat que l’homo sénégalensis manque de civisme qui doit transparaître dans la gestion de la chose publique. Cet incivisme peut s’expliquer par plusieurs facteurs qu’on pourrait résumer par le manque d’inculcation et d’incarnation des valeurs civiques dans nos micro-républiques.

Par micro-républiques, comprenons les différentes communautés auxquelles nous appartenons et qui font partie intégrante de la République par exemple : la famille, l’école, le quartier. Commençons par la famille, cellule de base de la République. Les valeurs civiques, sociales de JOOM, FULA, FAYDA, jadis cultivées sont aujourd’hui éclipsées voire troquées pour des contre-valeurs. Effectivement, force est de constater que à la faveur de la conjoncture économique, les parents dépositaires de l’éducation des enfants, sont plus préoccupés par le pain quotidien que par l’éducation. Conséquemment, ils démissionnent abandonnant l’éducation de leurs enfants aux technologies numériques ou à la rue, peu recommandables eu égard aux effets nocifs, de loin plus nombreux, sur les enfants : tabagisme, vagabondage, non-respect des règles établies, constante rébellion.

Et que dire de l’école où l’enfant passe les ¾ de l’année et 1/3 de son temps. Si la famille est le dépositaire des valeurs sociales, l’école est garante des valeurs républicaines : liberté, patriotisme, égalité…C’est d’ailleurs pour cette raison que la République a intégré les cours d’éducation civique dans les programmes du moyen et du secondaire, même si sur le terrain, il n’est dispensé que dans le moyen. Mais avant de poursuivre, arrêtons-nous un moment sur le terme éducation préféré, à dessein, à instruction. Si l’instruction vise plus le savoir, l’éducation développe le savoir, le savoir-faire, le savoir-être et le savoir-devenir par le canal d’une personne et pour une personne. L’éducation est donc un acte hautement humain. Qu’en est-il maintenant de cette éducation aux valeurs civiques, dans nos écoles. Est-ce que les enseignants incarnent au préalable ces valeurs (savoir-être) républicaines ? Est-ce que les enfants issus de milieux différents ont les pré-acquis (respect de l’autorité) pour s’approprier ses valeurs ? Autant de questions qui méritent de trouver des réponses.

Ainsi comment la gestion de la République pourrait-elle être empreinte de  civisme si dans les strates inférieures de cette collectivité, cette valeur hautement républicaine est galvaudée ? Cela nous amène à voir de quelle manière renouer avec le civisme pour manifester  une citoyenneté agissante pour le développement ?

D’abord tout citoyen sénégalais, par acte de civisme, doit commencer par situer sa responsabilité dans la situation actuelle. Cette responsabilité doit être située dans le cadre de l’exercice de nos devoirs envers nos mini-républiques, dans l’exercice de nos tâches quotidiennes. Ensuite, poser des actes pour prendre en charge   convenablement nos droits et devoirs. Enfin que chaque citoyen, tout âge, sexe confondu puisse se demander, que puis-je faire pour apporter ma pierre à l’édification du Sénégal de demain. La somme des briques moulées avec un sens élevé de civisme fera du Sénégal une nation juste, prospère et souveraine. Et cela c’est possible !!!

Silvain Diandy professeur d’histoire et de géographie au lycée de Diongui Thikite 

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