Depuis la signature du 26 février 2022, les accords souscrits parle Gouvernement du Sénégal tardent à être matérialisés. Ce retard dans la mise en œuvre porte notamment sur des points importants relatifs au statut, à la carrière, au plan de formation et à la rémunération des enseignants Il s’agit notamment de :
– la digitalisation des actes et des procédures de la fonctionpublique et l’interconnexions des plateformes des ministères pour mettre un terme aux lenteurs administratives ,
– du parachèvement de la révision du statut des décisionnaires et de l’extinction du statut ainsi que du relèvement considérable de leurs pensions de retraite et de l’accès aux imputations budgétaires après la retraite,
– la poursuite de la correction du système de rémunération des personnels de l’éducation et de la formation grâce à l’équité salariale entre les agents de la fonction publique ,
– du parachèvement de la formation diplômante des enseignantst plus précisément des demandeurs de mis en position de stage, des chargés de cours, des enseignants issus du recrutement spécial de 2021, des PC ayant capitalisé plusieurs années d’expérience, des titulaires de diplômes spéciaux à la FASTEF et des MEPS au CNEPS de Thiès,
– l’apurement des prêts au logement et des rappels dus aux enseignants,
– la remise des titres de propriété des parcelles non-viabiliséesaux syndicats bénéficiaires.
Malgré le retour à la stabilité dans tous les secteurs d’activités de notre pays au sortir des élections présidentielle de mars 2024 et législative de novembre 2024, l’immobilisme noté de la part des nouvelles autorités dans le cadre de la mise en œuvre de protocoles d’accords signés avec le régime sortant, les errementsmultiples notés dans leur communication faisant souvent état de la situation catastrophique du pays ainsi que les annonces récurrentes de mesures d’austérité à l’endroit des populations et des travailleurs ont fini de réveiller le courroux des syndicats, des centrales et de toutes les masses laborieuses. Cette situation inattendue et inacceptable a été exacerbée par l’inaccessibilité des autorités, l’enlisement du mécanisme de dialogue social et les licenciements abusifs de plusieurs centaines de travailleursopérés par le nouveau régime dans des entreprises évoluant dans le secteur public.
Revenant sur le passif social dans le secteur de l’éducation et de la formation, le G 2 condamne avec la dernière énergie la stratégie de saupoudrage qui a été utilisée par le Gouvernement en ce qui concerne la révision du statut des décisionnaires. En effet, après avoir convié les syndicats à la rencontre du Comité de suivi des accords du 13 janvier 2025 et annoncé en grandes pompes l’initiation des projets de décrets n° 2006-392 du 27 avril 2006 et n° 74-347 du 12 avril 1974, pour reversement de certains décisionnaires dans les corps référenciés de fonctionnaires et la prise en compte de l’ancienneté civile, les autorités ont depuis lors opté de s’emmurer dans un mutisme total sur la question. Pis encore, malgré le dépôt de préavis des syndicats pour exiger le parachèvement du processus, l’apurement du passif de tous les accords signés et surtout l’examen des nouvelles questions, le Gouvernement n’a même daigné accuser réception desdites correspondantes encore moins convier les syndicats à une rencontre pour examiner les revendications conformément aux dispositions de la Loi 61-33 du 15 juin 1961. Cette démarche inélégante et discourtoise adopté dans le traitement des préavistémoigne à suffisance d’un manque de respect et de considérations vis-à-vis des organisations syndicales. En définitive, le SAEMSS et le CUSEMS saisissent l’opportunité de cette conférence de presse pour informer l’opinion publique nationale et internationale que malgré toutes les démarches d’alerte et de veille que les syndicats ont initiées pour accompagner le nouveau régime, c’est l’immobilisme total qui règne en ce qui concerne l’application des accords signés.
D’ailleurs, conscients de leur mission d’alerte et de veille et pour éviter au système éducatif sénégalais de renouer avec les perturbations cycliques, les syndicats représentatifs avaient adressé une correspondance aux plus hautes autorités de notre pays au début de l’année scolaire 2024/2025, pour solliciter une rencontre afin de discuter des questions sectorielles. Malheureusement, une fin de non-recevoir a été opposée par les autorités à la correspondance initiée par les syndicats. Et c’est l’occasion pour nous de déplorer encore une fois la démarche cavalière et solitaire du ministère de l’éducation nationale qui ne sollicite guère l’avis des syndicats représentatifs sur les décisions stratégiques dont la dernière en date est le projet de décret portant réorganisation des services du ministère, qui, au regard des incidences et implications majeures aurait dû faire l’objet de partage.
Face à la situation actuelle que traverse notre pays, le SAEMSS et le CUSEMS tiennent à rappeler aux autorités qu’il urge de renouer le fil du dialogue avec toutes forces syndicales afin d’apporter des solutions diligentes aux lancinantes préoccupations des travailleurs. S’agissant du secteur de l’éducation et de la formation, nous tenons à rappeler que l’année scolaire est à mi-parcours et que le Gouvernement a l’obligation de veiller à son bon déroulement grâce à la mise en œuvre de stratégies efficaces et efficientes pour l’apurement des points inscrits dans les protocoles du 30 avril 2018 et du 26 février 2022. A cet effet, nous exigeons :
– la convocation d’urgence du Comité de suivi pour une mise en œuvre effective des accords signés avec le Gouvernement,
– le parachèvement de la digitalisation des actes et des procédures et un fonctionnement optimal du portail e-carrière du ministère de la Fonction publique,
– la signature des projets de décrets n° 2006-392 du 27 avril 2006 et n° 74-347 du 12 avril 1974 pour le règlement définitif de la situation des décisionnaires,
– le parachèvement de la correction du système de rémunération des personnels de l’éducation et de la formation grâce à l’équité salariale,
– l’effectivité de la formation diplômante universelle pour tous les enseignants : les chargés de cours, les demandeurs de mise en positon de stage, les PC ayant capitalisé des années d’expérience, les MEPS au CNEPS de Thiès,
– l’apurement des rappels des enseignants et l’arrêt de la surimposition,
– l’apurement de tous les prêts au logement en instance,
– et l’examen des nouvelles questions inscrites sur le préavis commun déposé par le SAEMSS et le CUSEMS.
Le SAEMSS et le CUSEMS mettent en garde les nouvelles autorités contre toute tentative de remise en question des accords obtenus de haute lutte. Ils appellent tous les syndicats du secteur de l’éducation et de la formation, notamment le G7, le G 20, la FEDER et au-delà toutes les forces syndicales à porter le combat pour le progrès social et à s’opposer à la mise en œuvre de toute politique publique d’austérité qui est aux antipodes des intérêts des masses laborieuses.
Fait à Dakar le 20 février 2025.
L’ALLIANCE SAEMSS / CUSEMS