Monsieur le Président de l’Assemblée nationale, Mesdames et Messieurs les Députés,
En ma qualité d’ancien député de la 14ème Législature et aujourd’hui membre de l’opposition, je me permets de vous adresser cette lettre pour exprimer mes préoccupations et surtout mes attentes pour cette 15ème Législature, à peine entamée.
Honorables députés, vous avez entre vos mains la responsabilité d’incarner le changement et de prouver aux Sénégalais que le «changement systémique» promis par le nouveau régime est bien réel.
Les échos de notre précédente législature résonnent encore et, bien que le contexte ait changé, il est crucial que vous, députés de la 15e législature, ne fassiez pas usage des pratiques dénoncées pendant que vous étiez dans l’opposition.
Pendant des années, vous avez, même sans raison valable, dénoncé ce que vous appeliez l’utilisation de l’Assemblée nationale comme outil de liquidation politique, instrumentalisée souvent, pour éliminer les voix dissidentes.
Il est impératif que, dorénavant, l’Assemblée nationale incarne un cadre de dialogue et de respect, non un instrument de règlements de comptes.
Une question se pose avec acuité : serez-vous, en tant que députés nouvellement élus, les garants d’un changement positif, ou bien serez-vous tentés de céder aux pressions qui se manifestent aujourd’hui par des appels à lever l’immunité parlementaire de l’un de vos collègues, Mouhamadou Ngom dit Farba, sans preuves tangibles à l’appui ?
Il est inquiétant d’observer que, pour le moment, nous ne disposons d’aucun document solide attestant de son implication dans des affaires de détournement présumé.
La présomption d’innocence est un principe fondamental qui doit guider vos décisions, particulièrement dans le cadre de l’immunité parlementaire.
Il est également crucial de rappeler que la solidarité entre parlementaires ne doit pas être une notion seulement abstraite.
En tant que députés, vous partagez une responsabilité collective. Le combat pour la défense de vos droits en tant qu’élus est intrinsèquement lié à celui de vos collègues.
Ainsi, voter en faveur de la levée de l’immunité de Mouhamadou Ngom dit Farba serait non seulement un affront à l’esprit démocratique, mais aussi un signal alarmant sur votre volonté d’expérimenter des dérives que vous aviez tant dénoncées, encore que ce n’était pas vrai.
Je vous exhorte, Honorables députés de la majorité et vous tous de l’opposition, à faire preuve de sagesse et à rejeter, dans l’unanimité, toute tentative de recours à la levée de l’immunité parlementaire de Mouhamadou Ngom dit Farba.
Votre choix aujourd’hui est déterminant pour l’avenir de notre démocratie.
C’est le moment de faire preuve de clairvoyance, en choisissant de combattre pour des principes, et non pour des rivalités politiques.
Enfin, je lance un appel à l’opposition, à la société civile et à tous les démocrates pour une forte mobilisation autour de cette cause. Le combat pour Mouhamadou Ngom dit Farba est un combat pour la démocratie, un combat contre l’arbitraire d’un régime qui semble poursuivre des règlements de comptes en lieu et place d’une véritable reddition des comptes.
Que votre mandat soit marqué par l’intégrité et la transparence, afin de redonner confiance aux Sénégalais en leurs institutions.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président de l’Assemblée nationale, Mesdames et Messieurs les Députés, l’expression de mes salutations respectueuses.
Abdoulaye DIAGNE,
Ancien député de la 14e législature et membre dusecrétariat exécutif national de l’Alliance Pour la République (APR).
