Mamadou Wade était un sage et il a toujours su poser, au long de sa vie, des actes de grande sagesse. Un sage tel que nous le définissons dans les cultures africaines : celui qui sait prodiguer des conseils utiles et précieux mais surtout un conciliateur et un réconciliateur…
Le Sénégal est une terre de paix et de réconciliation.
Cette dimension élevée et noble de sa personnalité devrait pouvoir être rappelée en toute circonstance. J’ai connu Mamadou Wade à la Galerie Waly. La Galerie Waly avait été ouverte sur l’Avenue Lamine Guèye et la gestion lui fut confiée.
Il en connaissait les règles car son parcours tant académique que professionnel l’avait bien préparé à cette fonction. Curieusement et le fait m’avait marqué, en visitant la Galerie j’ai eu la chance de trouver, sur place, quelques ouvrages sur « l’architecture des gares ferroviaires au Sénégal » et sur « l’artisanat au Sénégal »
Mon regard s’est posé sur ces ouvrages qui étaient proposés à la vente en même que je découvrais les œuvres accrochées dans la galerie.
Je me suis alors dirigé naturellement vers les ouvrages exposés car le Pr Abdou Sylla, l’auteur des ouvrages, a été mon professeur de philosophie en classe de terminale au lycée Van Vollenhoven en 1973.
Ce retour à l’année 1973 m’avait marqué surtout que j’ai conservé précieusement mon cahier de cours de philosophie de cette année scolaire 1972-1973.
Si je vous parle de cette rencontre avec les ouvrages du Pr Abdou Sylla c’est pour rappeler qu’il a suivi, le Professeur, de très près le parcours artistique de notre ami Mamadou Wade.
Je crois pouvoir dire que le Pr Abdou Sylla, philosophe et critique d’art, a été le premier au Sénégal, en Afrique et au monde, à « donner une couleur » aux créations artistiques de Mamadou Wade.
A caractériser sa création picturale.
J’ai retenu et j’ai aimé la « période bleue » du parcours artistique de Mamadou Wade.
Vous le constatez avec moi, la Galerie Waly a été un « lieu magique circonstanciel » pour moi car elle m’a permis de nouer une belle relation d’amitié avec un grand artiste plasticien, Mamadou Wade, et de « marcher sur les traces du passé » en retrouvant la philosophie de notre maître, le Pr Abdou Sylla, critique d’art.
Recueillir le témoignage du Pr Abdou Sylla serait important pour qui voudrait comprendre l’itinéraire artistique plutôt que le parcours artistique de notre regretté ami, Mamadou Wade.
Je fais à dessein le distinguo entre le « parcours » et « l’itinéraire » parce que l’itinéraire est davantage un chemin, un chemin jalonné de « bornes artistiques » et non de « bornes kilométriques »…
J’ai eu la chance de croiser à nouveau le chemin de Mamadou Wade lors de son exposition en « duo » organisée avec son ami et frère Serigne Diagne Diop.
Ils étaient très complices y compris dans la manière de concevoir l’art en général.
Ils avaient exposé ensemble à la galerie nationale.
J’ai fréquenté longtemps l’atelier de notre ami Mamadou Wade au Village des Arts.
L’atelier qui faisait « face au baobab »
Les psychanalystes sénégalais – ils ne sont guère nombreux – diront un jour si la « présence tutélaire » du baobab du Village des Arts n’a pas agi sur notre inconscient lorsque nous avons créé le 22 mars 2014 à la Salle Soweto de l’UCAD, l’association « les Amis du baobab »
Mamadou Wade était membre avec plusieurs autres artistes comme Kalidou Kassé, Elsy, Sylvain Domingo, de cette belle association.
Mamadou Wade avait également rejoint il y a quelques années le comité d’organisation du projet VVD : « Voix et Visages du Désert »
Avec Kalidou Kassé, notre ami de longue date.
Le projet consistait à traverser « artistiquement »trois déserts :
1- le désert du Sahara en Algérie;
2- le désert du Ténéré au Niger;
3- le désert du Mali particulièrement celui qui existe entre Douentza et Tombouctou.
Le point d’arrivée devait être un « faux désert », le désert de Lompoul au Sénégal.
Le projet n’a pas abouti faute de moyens mais nous le réaliserons un jour en pensant à notre ami Mamadou Wade.
J’ai organisé du 7 au 21 octobre 2010, une belle exposition de quatre artistes du Village des Arts en relation avec la Mairie de Levallois.
Nos amis Omar Diack et Idrissa Diallo nous avaient beaucoup aidé.
Je vivais et travaillais à cette époque à Paris et je résidais avec ma famille à Levallois.
Mes deux sœurs étaient venues nous rejoindre mon épouse et moi à Levallois pour assister à l’exposition.
L’une venait de New York.
L’autre était arrivée de Tunis.
Mamadou Wade était venu de Dakar pour représenter les quatre artistes du Village des Arts
Il avait lui-même participé à l’accrochage des œuvres à la Galerie de l’Escale…
Était-ce sa « dernière escale »?
Nous avons passé avec lui à Levallois de beaux moments et nous avions beaucoup échangé.
Cela crée des liens solides.
Et pour terminer cet hommage que je rends à notre ami Mamadou Wade, je rappellerai qu’il avait tenu à m’accompagner personnellement lors de ma visite à la Manufacture Sénégalaise des Arts Décoratifs de Thiès et nous avions été reçus chaleureusement par son ami Sidy Seck, directeur général à cette époque, Sidy Seck qui est devenu également mon ami.
Les amis de Mamadou Wade sont nombreux, au Sénégal, en Afrique, en Russie, en France et dans le monde.
Ils demeureront ses amis.
Mamadou Wade a été formé en Russie, en Belgique et à Paris, à la Manufacture des Gobelins avec trois autres sénégalais
Et cela grâce à la demande introduite par le Ministre de la Culture de l’époque, le Dr Ibra Mamadou Wane, auprès du Ministre André Malraux en charge de la Culture dans le gouvernement du général de Gaulle
Je vous en reparlerai à l’occasion.
Le « Sage » nous a quittés mais nos souvenirs, tous nos souvenirs seront précieusement conservés dans un coin de notre mémoire qui lui sera réservé.
Paix à cette belle âme.
Jean-Michel Seck
