Le 2 septembre 2024, nous avons pris connaissance à travers un communiqué conjoint du ministère de l’éducation et celui des forces armées de l’ouverture des lycées nationaux armées pour la qualité et l’équité ( Lynaque) à sedhiou et à Kaffrine et qui seront à terme construits dans les 46 départements.
Un autre communiqué du MEN de la même date, nous annonce que ces établissements seront dirigés par des Colonels de l’armée.
Même si nous nous félicitons de la création de ces dits établissements, nous restons dubitatifs sur la pertinence de confier leur direction à l’armée.
Pour rappel ces Lynaque, dont les noms de conception étaient Lycée d’intégration national pour l’équité et la qualité (LINEQ) avaient pour vocation de garantir un accès à une éducation de qualité aux meilleurs enfants dont les parents n’ont pas les moyens de payer des cours d’encadrement et/ou des frais de scolarité très onéreux dans les écoles privées d’excellence. Ces établissements devraient donc répondre à l’exigence d’équité dans l’accès à un enseignement de qualité car nous avons fini par constater que très peu d’élèves issus du milieu défavorisé avaient accès aux établissements d’excellence que sont le Prytanée, Mariama Ba et le lycée scientifique d’excellence de Diourbel dont l’accès se fait sur concours, nécessitant une préparation sérieuse et un encadrement particulier.
La création des lyneq devrait pallier cette insuffisance d’équité. En ouvrant l’accès par concours aux 50 premiers garçons et 50 premières filles de l’examen de l’entrée en sixième, le gouvernement va non seulement revenir à la case de départ (les élèves dont les parents ont les moyens risquent d’être les seuls qui réussissent) mais foule au pieds le principe d’équité car , il n’est pas forcément prouvé que les pensionnaires seront les meilleurs élèves de chaque département.
En plus en voulant confier la direction de ces écoles à un colonel de l’armée , le gouvernement non seulement se signale par un manque de considération et de respect du personnel enseignant mais pose également le jalon des crises qui vont inéluctablement affecter l’administration de ces établissements car il va de soi que l’enseignant est un esprit libre et n’acceptera jamais l’esprit du service commandé qui caractérise l’armée. Dans l’administration scolaire, le chef n’a pas forcément toujours raison.
Par conséquent, nous dénonçons fermement et catégoriquement cette volonté du gouvernement de vouloir confier nos 46 Lynaque à des colonels plus utiles dans la gestion des questions de sécurité et la formation du personnel militaire de qualité. Ah oui , la place du colonel est dans les camps militaires et non dans les établissements scolaires.
Oui, le militaire Sénégalais se caractérise par la discipline mais n’a pas le monopole de la bonne gestion , de la rigueur et de la pudeur.
Babou Diouf secrétaire national à la communication du CUSEMS