Dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de formalisation des groupements de jeunes et de femmes piloté par la Ville de Dakar à travers le FODEM – Fonds de Développement et de Solidarité Municipal avec son partenaire CGA Digital, une réunion d’information et de partage a été organisée le 26 juillet 2024 dans les locaux du FODEM avec les groupements de femmes et de jeunes de Dakar afin d’obtenir leur adhésion au Programme.
Le FODEM et son partenaire privé CGA digital ont convié à l’hôtel de Ville de Dakar les cibles bénéficiaires du Programme de formalisation des groupements de femmes et de jeunes de la Ville de Dakar pour discuter des questions liées à la formalisation de leurs entreprises, présenter les étapes cruciales de la formalisation et les avantages qui lui sont rattachés. L’occasion a été saisie pour présenter les opportunités offertes par la Plateforme de services CGA Digital aux entrepreneurs.
La réunion a débuté avec un mot de Mme Aminata Diop Samb, Directrice Générale du FODEM, qui a souhaité la bienvenue à tous les participants, essentiellement des femmes représentant leurs groupements. Elle a souligné l’importance pour la Ville de Dakar de ce programme de formalisation des groupements de femmes et de jeunes piloté par le FODEM. En effet, il entre dans le cadre d’un vaste Programme de renforcement de capacités et d’autonomisation des groupements de femmes et de jeunes que déroule la Ville de Dakar depuis quelques années et que l’actuel Maire Barthélémy Toyes Dias a considérablement renforcé en lui donnant plus de moyens pour faire bénéficier le maximum de dakaroises et de Dakarois.
Ce vaste Programme d’autonomisation économique et sociale a permis de toucher plus de 25 000 femmes des 19 communes d’arrondissements de la Ville de Dakar. Il comprenait la formation en économie sociale et solidaire, l’éducation financière, la formation en entrepreneuriat féminin, la formation technique dans des métiers comme la boulangerie, la pâtisserie, la savonnerie et la fabrication de produits détergents. C’est après toutes ces formations et renforcement de capacités que les groupements de femmes reçoivent des financements du FODEM par le canal des SFD partenaires.
Seulement voilà, à partir d’un certain niveau d’activités des groupements, les problèmes de financement refont surface car leurs besoins de plus en plus croissant en financement sont difficilement satisfaits auprès des SFD et auprès des banques et pour cause ; le caractère informel des unités de production avec tout ce que cela comporte comme insuffisances dans les dossiers de demande de crédit présentés aux SFD et aux banques.
Il est souvent reproché aux femmes et jeunes entrepreneurs l’incapacité à fournir des informations économiques et financières fiables sur leurs activités (états financiers, bilans, compte de résultat) en l’absence de tenue de comptabilité régulière, une absence de garantie, une faible rentabilité de leurs activités, un faible contenu technique et technologique, un faible niveau d’organisation et de structuration entre autres griefs qui sont autant de motifs de rejets des demandes de crédit.
Pour le FODEM, le temps est venu d’accompagner les groupements d’autopromotion de femmes et de jeunes bénéficiaires de ses services vers la formalisation de leurs unités de production. Le caractère informel de ces groupements était apparu comme la source de toutes les difficultés de financement auxquels ils font face, sans compter les difficultés d’accès aux marchés publics, l’absence de couverture auprès des institutions officielles de sécurité sociale et de prévoyance, l’absence de quitus fiscal entre autres désavantages.
Il fallait donc mettre en place un Programme spécifique de formalisation pour faire basculer toutes ces structures vers le secteur formel pour en faire des entreprises viables créatrices d’emplois durables et de richesse pour les femmes et les jeunes. C’est donc une démarche d’autonomisation économique, financière et sociale de masse des femmes et des jeunes de Dakar qui est en phase avec l’ambitieux Programme du Programme « Dakar bugnu bokk » du Maire de la Ville Barthélémy Toyes Dias qui a placé l’investissement dans l’humain au cœur des préoccupations municipales. C’est tout le sens du partenariat entre le FODEM et CGA Digital.
Un partenariat mutuellement avantageux
Le partenariat donne ainsi la possibilité au FODEM d’inscrire dans la durabilité et la rentabilité financière les activités des groupements de femmes et de jeunes de son portefeuille d’accompagnement, en leur permettant d’accéder à des sources de financement qui leur sont jusqu’ici inaccessibles tout en les mettant en phase avec la réglementation en vigueur sur le plan comptable, fiscal et social.
Il permet à CGA DIGITAL de faire du volume dans l’enrôlement des entrepreneurs dans sa plateforme digitale et le déploiement de ses solutions de formalisation.
Babacar Diagne, le Président du CGA Digital a expliqué à son tour les raisons de la mise en place du programme de formalisation des femmes et des jeunes en partenariat avec la Ville de Dakar. Il a insisté sur la nécessité de formaliser les activités économiques pour accéder à divers financements et accompagnements. S’adressant aux représentantes des Groupements de femmes, il a résumé l’objectif poursuivi par ce Programme : ‘’Ce qu’on veut faire avec vous c’est d’augmenter vos revenus, augmenter vos capacités en gestion et votre participation au foyer’’.
Le Directeur adjoint du CGA, Monsieur Ibrahima Top, a abondé dans le même sens en détaillant les différents aspects du programme en développement depuis deux ans et actuellement à la dernière étape d’enrôlement. Il a aussi expliqué ce qu’est une entreprise formelle et quelles sont les obligations auxquelles elle est assujettie notamment juridiques et comptables, fiscales et sociales (le choix de statuts juridique, la tenue de comptabilité régulière, la production d’états financiers conformément aux normes SYSCOHADA en vigueur dans l’espace UEMOA, la présentation du compte de résultat etc. ).
Il a fait remarquer que de nombreux partenaires, tels que ONU FEMME les Banques et la DER, sont disponibles pour accompagner et financer les femmes et les jeunes, mais que des blocages persistent en raison de la formalisation requise pour bénéficier de ces financements. Monsieur Top a souligné l’importance d’adhérer au programme CGA Digital, proposé à moindre coût en partenariat avec la Ville de Dakar par le biais du FODEM.
Un programme de génération de richesse et d’emplois durables
Le programme de formalisation des groupes de femmes et de jeunes initié par la Ville de Dakar à travers le FODEM et exécuté en partenariat avec le CGA Digital vise à promouvoir l’inclusion financière et le développement économique à travers plusieurs initiatives clés. C’est un programme conçu pour créer un impact durable en offrant aux femmes et aux jeunes les outils nécessaires pour réussir économiquement et socialement. Pour atteindre ces objectifs stratégiques, la Ville de Dakar fournira un soutien institutionnel et logistique pour les activités du programme tandis que CGA Digital se chargera d’apporter des solutions technologiques aux cibles bénéficiaires pour la gestion des finances et la formation en ligne.
De façon spécifique, le Programme poursuit des objectifs d’inclusion financière, de renforcement de capacités, d’organisation des cibles en coopératives, et d’accompagnement de proximité via un programme de Mentorat.
Il s’agira de faciliter l’accès aux services financiers pour les femmes et les jeunes, en leur fournissant des outils et des ressources nécessaires pour gérer efficacement leurs finances. Il sera question aussi de leur offrir des formations en développement personnel et professionnel pour améliorer les compétences et la confiance en soi des participants.
Le Programme encouragera la formation de coopératives ou d’associations pour une meilleure gestion des ressources et des projets communs et mettra en place des programmes de mentorat pour guider les femmes et les jeunes dans leurs projets entrepreneuriaux.
Concrètement, quatre leviers majeurs seront actionnés pour atteindre les objectifs que s’est fixé le programme. Le premier levier c’est l’organisation d’ateliers réguliers de formation pour enseigner les bases de la gestion financière, de l’entrepreneuriat, et du leadership.
Le deuxième levier, c’est l’accès aux Microcrédits en collaboration avec des institutions financières pour offrir des microcrédits à des conditions favorables.
Le troisième levier, c’est digitalisation des services à travers l’utilisation de la plateforme CGA Digital pour faciliter l’accès à des services financiers en ligne et pour suivre les progrès des participants.
La mise en réseau des bénéficiaires est le quatrième levier. Il consistera à créer un réseau de femmes et de jeunes entrepreneurs pour échanger des idées, partager des ressources, et soutenir mutuellement leurs projets.
À terme, il est attendu de ce Programme l’augmentation du nombre de femmes et de jeunes autonomes financièrement, et la stimulation de la création d’emplois massifs à travers l’entrepreneuriat.
Enfin, il est attendu de la mise en œuvre du programme une amélioration sensible des conditions de vie des participants grâce à une meilleure gestion des finances et des opportunités économiques accrues.
Pour rappel, CGA DIGITAL offre des services d’assistance comptable et fiscale, la réalisation d’états financiers et le reportings, des services de conseils en organisation, le coaching, l’incubation, et la réalisation des études de projets et de business plan.
Une adhésion sans réserve des femmes et des jeunes au Programme FODEM-CGA Digital
Dans leurs prises de paroles respectives, les femmes ont reconnu l’importance de la formalisation et manifesté majoritairement leur adhésion sans réserve au Programme dans leurs intérêts bien compris. Elles ont pris conscience que disposer d’un Registre de commerce et d’un Ninea ne suffit pas pour faire d’une entreprise, une entreprise formelle. Il en faut beaucoup plus que ça. Par exemple, la tenue de comptabilité régulière est par une obligation réglementaire pour une entreprise formelle.
Elles sont en effet nombreuses à partager les difficultés qu’elles rencontrent quand il est question pour elles d’aller solliciter des financements conséquents notamment bancaires et auprès des SFD.
« On ne distingue pas l’argent de l’entreprise et notre poche. On n’a pas une discipline financière » reconnait Mme Marème Mbacké, entrepreneure, et présidente du GIE Sargal Sa. Elle a expliqué qu’elle dirige un GIE de 500 femmes y compris des femmes de la Diaspora avec tous les documents nécessaires, mais qu’elles ont besoin de formations en éducation financière. Racontant sa mésaventure avec une banque, elle a relevé les difficultés à disposer d’états financiers exigés aux demandeurs de crédits par les sociétés financières et bancaires du fait de la cherté de son coût de réalisation auprès de cabinets d’expertise comptable. ‘’Une fois on m’a demandé de présenter des états financiers pour pouvoir prétendre à un prêt, et quand j’ai cherché à les avoir, on m’a demandé 2500 000 FCFA ‘’.
Mme Seck présidente de GIE a dénoncé les irrégularités dans le fonctionnement de certains GIE qui déteignent sur la sincérité des informations fournies aux structures de financement comme par exemple la non déclaration des membres démissionnaires à l’occasion de sollicitations de prêts devant être redistribué aux membres d’un GIE. Elle a aussi fait la promotion du modèle coopérative d’organisations qui a l’avantage de permettre de réaliser des économies d’échelle autant dans l’approvisionnement en produits divers comme les emballages ou matières premières que dans la conquête des marchés.
Mme Seck a aussi exprimé le souhait d’un rapprochement entre le FODEM et les Associations Villageoises d’Epargne et de crédit (AVEC) pour mieux les organiser et voir comment utiliser cette manne financière qu’elles brassent comme instrument de mobilisation de financements plus conséquents pour les femmes auprès des institutions financières formelles. Enfin elle a appelé ses consœurs à privilégier la diversification de leurs offres de produits car le mimétisme ne rapporte plus.
Mme Mame Bigué Ndao, la Présidente du réseau des femmes travailleuses de YOFF a remercié Mme Samb pour sa disponibilité et a suggéré une meilleure proximité avec les AVEC pour recueillir leurs besoins.
Mme Fama Kandji (Présidente du réseau des femmes de Dieuppeul) a remercié Mme Samb et a aussi reconnu des difficultés de formalisation et de comptabilité de leur réseau.
Mme Touty Mbaye a partagé qu’elle avait déposé son dossier en 2021 sans obtenir de financement et a mentionné les difficultés rencontrées avec les mutuelles et les taux d’intérêt élevés. Elle a également évoqué les difficultés d’obtention de l’autorisation de fabrication auprès des services du Ministère du commerce (FRA) pour les femmes transformatrices, ce qui constitue un frein pour positionner leurs produits dans certains rayons de vente. .
Toutes ces interventions n’ont fait que confirmer le besoin d’éducation financière des femmes et l’importance du programme de formalisation que leur proposent le FODEM et le CGA DIGITAL.
Aujourd’hui les femmes ont des difficultés pour rembourser les prêts au niveau des IMF quoiqu’elles soient reconnues comme étant de bien meilleurs payeurs que les hommes dans les prêts qu’elles contractent. Le papillonnage (contracter plusieurs prêts en même temps dans des SFD différents) et le gaspillage d’argent dans les cérémonies, seraient les raisons principales des difficultés de remboursement des prêts, d’où l’importance de l’éducation financière et de l’enregistrement régulier des opérations de l’entreprise –les entrées et sorties d’argent- pour faciliter la génération d’états financiers fiables permettant de pouvoir converser avec les banques et établissements financiers et avec les administrations fiscales et sociales.
A la clôture de la réunion, Mr Babacar Diagne le Président de CGA Digital a promis que l’équipe du CGA contactera les participants par groupe pour continuer le processus de formalisation au cabinet Aziz Dieye sis à la place de l’indépendance qui abrite le CGA.
Mme Aminata Diop Samb, la Directrice Générale du FODEM a remercié tous les participants pour leurs interventions et a insisté sur l’aspect apolitique du FODEM.. Elle a exprimé sa volonté d’organiser les AVEC pour les adapter au secteur de financement tout en réaffirmant l’engagement du FODEM à soutenir les femmes et les jeunes dans leurs démarches de formalisation et de financement.
Par Bacary SEYDI