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Contribution : Militantes et militants du département de Podor, très chers camarades (Adama Gaye Dounguel)

Je sais, nombreux parmi nous, traînent encore le traumatisme et les stigmates de la défaite du 24 mars 2024. Surprises, déceptions, colère, des espoirs et des espérances déçus ont été les états d’âme les mieux partagés pendant les derniers jours de l’ère beige-marron. Les premiers actes de la nouvelle alternance, notamment la nomination des membres du gouvernement, accentuent davantage nos regrets.

En effet, et il ne faut avoir peur de le dire, le régime de Macky Sall a été farouchement combattu, beaucoup plus par la stigmatisation et l’acharnement sur la communauté peule à laquelle il appartient que sur son propre bilan. Népotisme, communautarisme, voilà ce dont il est accusé à tort dès 2012. Les pages de commentaires d’un célèbre site internet furent le lieu premier de cette nauséabonde campagne de manipulations dégoûtantes, de diffusions de sarcasmes et d’anathèmes. Après la publication de chaque Conseil des ministres, les noms à consonance peule sont répertoriés, listés et abusivement utilisés comme justificatif d’un imaginaire projet du « nedo ko bandum ».

Aussi, petit à petit, une nouvelle opinion publique est fabriquée. Les peuls sont désormais considérés comme militants sectaires et communautaires qui ne sont avec le Président et ne votent pour lui, que parce qu’ils partagent la même ethnie. Le plus douloureux de tout ça encore, ce sont en majorité des fils et filles de la communauté qui, librement, ont choisi les autres partis qui sont utilisés comme appât pour ce combat contre leurs propres frères peuls.

Après les forums des sites internet, ce sont les résultats des votes du département qui sont chahutés à chaque élection. Tantôt on parle de vote de Mauritaniens, tantôt de bourrage d’urnes par des enfants qui ne sont pas en âge de voter, ou encore que le nombre de votants aurait été supérieur au fichier total lui-même.

Bref, on a voulu faire croire au monde entier que ce ne sont ni les gigantesques chantiers de désenclavement de l’île à Morphil, ni l’électrification rurale et son corollaire, l’éclairage public de nos ténébreux villages, encore moins les milliers d’hectares réaménagés, les bourses familiales, les forages et routes, les centres de santé… bref, un bilan qui a totalement changé la vie des Podorois qui a pu motiver notre choix d’accompagner le plus grand bâtisseur que le Sénégal n’ait jamais connu. Non, pour eux, on ne vote que parce que c’est l’un des nôtres.

Paradoxalement, en moins d’un mois de pouvoir, l’un des premiers actes posés par les protagonistes de la troisième alternance qui nous critiquaient, aura été un favoritisme flagrant et assumé pour la région naturelle de la Casamance avec 7 ministres sur 25 contre 0 pour de nombreuses autres régions. Le plus cynique reste l’alibi de la compétence et de l’éthique, pour encore insulter les autres parties du pays, comme s’ils n’en possédaient pas des compétents et des mains propres.

Relater de tels faits me paraît opportun, particulièrement dans le contexte actuel, pour faire comprendre que les enjeux sont au-delà de la politique. Il est impératif de se battre pour la restauration de notre dignité de peuls, et ensuite de notre département. Une dignité galvaudée ces dernières années, il faut le reconnaître, à la fois par la tortuosité de quelques-uns de nos fils à des moments de l’histoire du pays qui se sont illustrés par des choix d’une inélégance caractérisée : Djibo Ka au deuxième tour de l’an 2000, Sada Ndiaye, l’oncle qui a voulu assassiner le neveu…

L’autre fait qui a contribué à éroder notre image politique, c’est le fait de ne jamais combattre un régime, mais de finir par transhumer et d’en redevenir les visages les plus contestés en fin de règne. Ce qui a considérablement sali notre certificat de bonne vie et mœurs politiques. Une image à combattre pour redorer le blason du Fouta, berceau de la démocratie et de la bonne gouvernance depuis la révolution de Souleymane Baal.

Voilà pourquoi je viens auprès de chacune et de chacun de vous, pour vous demander de prendre conscience pleinement de nos devoirs individuels et collectifs, de nous rassembler d’abord et de nous opposer ensuite.

‘’Quand on t’écarte, tu t’écartes toi-même, car la dignité n’a pas de prix », dit l’adage. Le vote mouride et la ville de Touba nous l’ont brillamment démontré pendant 12 ans. Une résilience qui a fini de séduire et d’émerveiller jusqu’à la victoire. Nous pouvons et devons réussir à faire la même chose. On n’y gagne avant tout le plus important : le respect.

Même si cela ne paraît pas suffisant pour certains opportunistes-affairistes qui ne cherchent qu’à conserver leurs privilèges personnels et qui s’apprêtent à humer la dangereuse herbe de la honteuse transhumance.

Adama Gaye Dounguel

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