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2e édition des RICAT : Quel Branding pour la Ville de Dakar ?

Dans le cadre du forum scientifique de la 2ème édition des Rencontres internationales de la culture, de l’artisanat et du tourisme de Dakar (RICAT 2023) qui se sont tenues à Dakar du 01 au 05 novembre à l’initiative de la Ville de Dakar et de l’association Goorgolu Koom Koom, un panel de haut niveau a mis en débat le problème de l’identité culturelle de la ville de Dakar et formulé d’importantes recommandations.

Le Fonds de développement et de solidarité municipal (FODEM) et des universitaires spécialisés dans le domaine du tourisme ont animé un panel sur le thème « Le Design dans les secteurs du Tourisme et de l’artisanat de la Grappe TICAE : actualités et défis ? ». C’était lors du forum scientifique de la 2ème édition des Rencontres internationales de la culture de l’artisanat et du tourisme (RICAT 2023)

Pour le Professeur Pape Elimane Faye, Enseignant chercheur, Docteur en tourisme, un des panélistes, au-delà des productions des industries créatives et culturelles, le Design renvoie aussi à l’identité culturelle architecturale d’une ville. Malheureusement, pour ce qui concerne la Ville de Dakar, le professeur Faye s’est désolé de l’absence d’identité architecturale propre et en donne la raison : « beaucoup de générations d’architectures se sont succédées à telle enseigne qu’on ne s’y retrouve plus ». Il a relevé que l’histoire coloniale a fortement impacté la Ville de Dakar (bâtisse de la Chambre de Commerce et d’industrie d’agriculture de Dakar, Hôtel de Ville de Dakar …). Il s’en est suivi une modernité qui a fini de montrer « l’échec dans la conservation de bâtiments que nous avons-nous-mêmes construits ». Il en veut pour preuve les quartiers comme Mermoz avec ses anciennes maisons, ses petits couloirs et ses bougainvilliers qui non seulement en faisaient des quartiers durables, mais aussi leur donnaient des styles architecturaux propres. On peut y ajouter les Sicap au tout début. Convaincu que les artistes, les architectes et les designers ont du travail à faire à ce niveau, M. Faye se dit en désaccord avec la suppression des cars rapides. Il y a une possibilité de redesigner ces cars rapides qui ont une histoire, comme à Manilles en Philippines. Le Professeur Faye est d’avis que le Design, c’est la modernité. On ne parle plus de culture de manière sèche mais d’industries culturelles et qui dit industrie dit design.

Vers une identité culturelle propre à la Ville de Dakar

Le panel a permis aux participants de formuler d’importantes recommandations adressées à la fois aux autorités locales et aux acteurs professionnels eux- mêmes.

Pour le professeur Faye, les acteurs professionnels et la Ville de Dakar doivent travailler ensemble sur le Branding de la Ville de Dakar qui lui confèrera son authenticité, et son identité culturelle architecturale propre dans le concert des grandes villes du monde. Des modèles existent à l’en croire. En Casamance où à Saly, la plupart des hôtels sont construits suivant le modèle de cases en impluvium. Ailleurs dans le Saloum, la localité touristique de Toubacouta offre aussi un modèle très inspirant d’interconnexion artisanat, culture et tourisme. La matérialisation en objet de cette interconnexion y est très développée.

Dans cette quête d’identité, les arbres des jardins publics ne doivent pas être en reste selon l’enseignant chercheur. Des chercheurs ont identifié 7 espèces pour avoir un jardin typiquement sénégalais, qui reflète notre culture.

Pour lui les grandes villes du monde ont leur propre identité architecturale et Dakar ne doit pas faire exception. Il a cité l’exemple de Kyoto l’ancienne capitale du Japon qui a su conservé un style architectural qui date de plus de 1000 ans et l’exemple de Paris, et des Villes des pays asiatiques. En Chine et en Corée, les villes ont des identités propres qui les distinguent les unes des autres et font leur authenticité, facteur d’attractivité touristique.

Pour ce qui est des productions des industries créatives et culturelles proprement dites, qui permettent aussi à une Ville de se distinguer et d’avoir son identité culturelle propre, le Design est perçu comme le plus qu’on apporte à la créativité et à la création. Il a été recommandé d’aller vers l’innovation dans les produits comme ce que font les artisans au Maroc.

Les acteurs doivent comprendre que l’originalité, l’authenticité et la créativité sont des éléments essentiels du design. Chaque artiste doit avoir sa propre identité ; il n’a pas besoin de signer une œuvre artistique. Les œuvres de Pablo Picasso portent en -elles-mêmes ses sources d’inspiration africaine.

Le besoin d’avoir une offre pour nous-mêmes et pour les touristes est réel. Pour satisfaire ce besoin, il y a lieu de travailler sur un design innovant pour avoir un design de qualité.

Pour stimuler un Design de qualité, et améliorer la créativité, la représentante de l’Agence sénégalaise de promotion touristique Mme Seynabou Ndiaye a proposé l’organisation de concours de créativité pour les acteurs.

Les travaux ont mis l’accent sur le besoin de formation des acteurs en design pour éviter le copier-coller. Ils ont aussi besoin de formation en marketing pour pouvoir « designer » des produits en fonction de la demande, à l’écoute du marché. Cela règle les problèmes de commercialisation et de communication. Les artisans ont besoin d’avoir un site internet. La ville pourrait appuyer ce volet.

Elle pourrait appuyer aussi la formalisation, la structuration des acteurs et le financement de leurs projets. Il a été recommandé de développer un réseau d’acteurs dans l’artisanat pour aller vers la formalisation dans les 19 communes sous l’impulsion des commissions culturelles.

Quoiqu’il en soit, on ne peut pas aller loin sans design, sans création, sans opportunités de formation et sans chaines de valeur. On ne peut pas aller loin sans ces quatre facteurs matériels et immatériels. Il est quasi impossible de faire la promotion des industries culturelles sans chaines de valeur ; sans social medias, sans digitalisation. Il y a besoin de réinventer le mot Design et lui donner un contenu qui permet d’avoir un style de design sénégalais. La ville de Dakar en partenariat avec ses partenaires doivent en faire une priorité pour avoir un design de qualité des produits à proposer au marché local et international.

Les domaines où la ville à de réels atouts à prévaloir comme l’habillement, doivent être mieux valorisés. « Nos costumes traditionnels attirent plus à l’étranger que les habits importés », constate la Directrice Générale du FODEM Mme Aminata Siop Samb qui invite à voyager avec des habits traditionnels pour mieux vendre notre destination. Chaque Dakarois doit être un ambassadeur de la destination touristique Dakar.

Par Bacary SEYDI

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