Réunis à Abuja, les chefs d’États de la Cédéao ont décidé d’activer et de déployer « la force en attente » de la communauté ouest-africaine pour la restauration de l’ordre constitutionnel au Niger. L’organisation affirme toutefois qu’elle garde sur la table toutes les options pour « la résolution pacifique » de la crise.
Les chefs d’État de la CEDEAO ont achevé leurs discussions à huis clos et ils ont manifestement décidé de hausser le ton contre les putschistes, pointe notre envoyée spéciale à Abuja, Liza Fabbian. La Cédéao a donc fait savoir qu’elle va « ordonner au comité des chefs des armées d’activer les forces en attente de la Cédéao et d’ordonner leur déploiement en vue de restaurer l’ordre démocratique au Niger ».
L’option militaire semble ainsi enclenchée, même si des précisions sont encore nécessaires pour mieux comprendre la forme exacte que ce déploiement prendra. Dans son communiqué, la Cédéao a en effet demandé que l’Union africaine (UA) approuve ces démarches et a appelé au soutien de tous ses partenaires, y compris l’ONU. Ces points seront donc à préciser, tout comme certainement le cadre légal et la composition de la force qui sera mobilisée.
La Cédéao a aussi mis en garde contre « des États membres qui mettraient en péril la résolution pacifique de la crise au Niger ». Il est possible que cette phrase soit lancée en direction du Mali et du Burkina Faso, deux pays qui ont été suspendus de la Cédéao – mais dont les chefs de l’État ont fait savoir qu’ils n’accepteront pas d’intervention militaire au Niger.
Sur les sanctions, Oumar Touray, le président de la commission de la Cédéao, a rappelé que celles-ci sont maintenues, voire renforcées. Il a évoqué la fermeture des frontières, l’interdiction de voyager et le gel des avoirs « de toute personne ou groupes d’individus qui s’opposeraient à une action visant à entraver la résolution pacifique de la crise ».
Une résolution pacifique toujours sur la table
Mais malgré l’annonce concernant les forces en attente de la Cédéao, le président Bola Tinubu, comme Omar Touray, ont bien souligné que leur volonté a toujours été de régler cette crise à l’amiable. Les chefs d’État de la Cédéao ont aussi réitéré leur engagement à restaurer l’ordre constitutionnel dans la paix, si cela était possible.
Mais la patience des États membres de la Cédéao semble s’être épuisée. Bola Tinubu est longuement revenu sur les tentatives de négociation des derniers jours et leurs échecs répétés, aucune autre initiative de ce genre n’a été évoquée ce jeudi 10 août à Abuja. Pour preuve de ce statu quo, Mohamed Bazoum est toujours retenu par les militaires dans la résidence de la présidence. La Cédéao s’est d’ailleurs inquiétée de ses conditions de détention et dit tenir pour responsable la junte de son intégrité physique