Le Secrétaire Général de la CNTS Mody GUIRO a présidé, ce mardi 18 juillet 2023 à Dakar la cérémonie d’ouverture de l’atelier de partage et de planification organisé par le programme CNTS/CGSLB pour le secteur informel. L’objectif de cette rencontre à pour objectif d’aider les acteurs du secteur informel à mieux s’organiser pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail.
Voici le Discours intégral du SG de la CNTS Mody GUIRO
C’est un immense plaisir pour moi de prendre la parole pour procéder à l’ouverture de l’atelier de ce matin, organisé dans le cadre de notre programme avec la CSGLB-MSI de Belgique pour la formalisation de l’économie informelle.
Mon plaisir est d’autant plus grand que cet atelier a un double objectif : d’abord partager les expériences et évaluer les actions déjà menées, ensuite faire des projections vers l’avenir.
Comme vous le savez, notre organisation syndicale dans sa recherche quotidienne d’amélioration des conditions de vie et de travail des populations s’est engagée depuis les années 80 à organiser le secteur informel.
Ce secteur, faut-il le rappeler, s’est développé d’une façon exponentielle dans les pays en voie de développement du fait de l’application des politiques économiques notamment les programmes d’ajustement structurel et la mondialisation dont les conséquences sociales ont été la précarité de l’emploi, le sous-emploi, le chômage ainsi que la pauvreté dans de larges couches de la société.
Les programmes imposés aux pays en voie de développement par le FMI et la Banque mondiale avec l’objectif de résoudre la crise de la dette, trouvent leurs fondements dans l’idéologie néolibérale, cherchant à réduire la demande interne d’un pays à travers la réduction des dépenses publiques surtout dans les domaines de l’éducation, de la santé mais aussi la privatisation, la réduction du rôle de l’Etat et la loi du marché comme seul régulateur des manifestations économiques mais aussi sociales et culturelles.
Les défenseurs d’une telle théorie fondaient leurs convictions sur le fait que si un pays appliquait convenablement son PAS, il accumulera tant de richesses que celles-ci se répercuteront sur les autres secteurs de la société.
Cependant, la non prise en compte de la dimension sociale dans les politiques économiques, l’échec des stratégies de développement en ce qui concerne la création de nouveaux emplois productifs et stables dans le secteur formel de l’économie ont été la cause même d’une pauvreté croissante.
Ce qui a conduit à l’exclusion sociale de millions de personnes entraînant ainsi à une expansion de l’économie informelle qui, dans plusieurs pays dont le nôtre, absorbe une population active constamment en évolution avec plus de travailleurs que dans le secteur formel.
Ce contexte a entraîné un changement profond dans les relations de travail. En effet, l’emploi journalier, le travail de sous-traitance et le travail à domicile ont remplacé progressivement l’emploi permanent et décent dans tous les secteurs d’activité.
Il a également poussé des milliers de travailleurs dans le secteur informel du fait de la fermeture de plusieurs entreprises.
Ces femmes et ces hommes qui avaient perdu leur travail ne pouvaient pas rester inactifs et se sont retrouvé dans le petit commerce pour subvenir aux besoins de leurs familles.
L’action syndicale étant basée en grande partie sur la solidarité, il était d’une impérieuse nécessité pour la CNTS de trouver les stratégies pour accompagner ces camarades à se réinsérer dans le circuit économique pour améliorer leurs conditions de vie et travail.
Cet engagement répondait, également, au souci de retrouver des militants et militantes de la CNTS qui avaient perdu leur emploi du fait de la fermeture de leur entreprise.
C’est ainsi que grâce à la coopération syndicale, nous avons élaboré plusieurs programmes d’organisation des acteurs de l’économie informelle à travers le territoire national.
Dans cette œuvre de haute portée sociale et économique, nous avons noué avec la Centrale Générale des Syndicaux Libéraux de Belgique (CGSLB) et son ONG le Mouvement pour la Solidarité International (MSI) un partenariat lancé depuis 2017 pour permettre à notre organisation syndicale de mettre en place des coordinations régionales dont le travail consistait à rencontrer les acteurs de l’économie informelle en vue de les sensibiliser dans la constitution de syndicats en vue d’une meilleure appropriation du processus de formalisation.
Ce partenariat fécond a permis non seulement d’organiser des syndicats du secteur informel dans plusieurs secteurs : transformation, menuiserie, mécanique, conducteurs de motos taxis deux roues, tailleurs et stylistes, ferrailleurs, agriculteurs urbains, gargotières, etc. dans toutes les régions du Sénégal.
Grâce à ce programme, nous avons également contribué à l’amélioration des niveaux de revenus dans certaines régions par la mise à disposition des acteurs de matériels de transformation à Kaolack, Fatick, Matam avec une volonté de multiplier ces investissements dans les autres régions du Sénégal.
Il s’y ajoute l’organisation de plusieurs ateliers de renforcement des capacités des acteurs sur plusieurs domaines, à savoir les techniques de négociations, la syndicalisation, les conventions de l’OIT sur le secteur informel, etc.
Comme nous le constatons, la CNTS a consenti d’énormes sacrifices pour permettre au secteur informel de s’engager résolument vers la formalisation qui demeure la condition sine qua non d’une meilleure amélioration des conditions de vie et de travail.
C’est, convaincue de cette idée que la Conférence Internationale du Travail de l’OIT lors de sa 104 session en juin 2015 à Genève, a adopté la Recommandation 204 sur la transition de l’économie informelle vers l’économie formelle.
Cette session répondait ainsi au long plaidoyer des organisations syndicales de travailleurs pour que les acteurs du secteur informel qui étaient privé de tous avantages relatives à la protection sociale puissent puisse en bénéficier.
C’est toujours dans cette lancée que la Recommandation 202 de l’OIT sur les socles minimum de protection sociale a été adoptée pour demander aux Etats d’élaborer des stratégies aptes à mettre en place des mécanismes inclusifs de protection sociale.
Cela a conduit au Sénégal la mise en place du Plan sésame, de la gratuité de la césarienne, des cartes d’égalités des chances, de l’adoption du Régime simplifié pour les petits contribuables (RSPC) dédié exclusivement aux acteurs de l’économie informelle.
Comme vous le constater chers camarades, notre souci est de vous accompagner dans la recherche d’amélioration de vos conditions de vie et de travail.
Cela nécessité des moyens énormes que nous tirons de nos fonds propres, c’est-à-dire des cotisations des autres travailleurs du secteur formel et de partenaires syndicaux internationaux comme la CGSLB.
Nous vous exhortons à nous accompagner dans cette voie en acceptant de vous acquitter des cotisations syndicales suivant les méthodes que nous avons adoptés lors de plusieurs ateliers mais qui tardent à se matérialiser.
Nous devons noter que des syndicats du secteur informel font des efforts pour respecter cet engagement et nous leur en félicitons et les encourageons à continuer dans cette voie.
Pour notre part, nous réaffirmons notre engagement à rester à vos côtés pour que la protection sociale des travailleurs du secteur informel soit une réalité au Sénégal.
Nous ne saurions terminer sans adresser au nom des travailleurs du secteur informel et au nom de la CNTS, nos remerciements les plus sincères à la Centrale Générale des Syndicats Libéraux de Belgique (CGSLB) pour son appui constant dans la réalisation de nos objectifs pour le secteur informel.
Une mention particulière à Mme KATY FALL chargé du programme pour son implication personnelle dans la recherche de moyens et de stratégies pour réussir notre mission pour le secteur informel.
Nous souhaitons pleins succès à vos travaux et vous remercions de votre aimable attention.