Le Khalife général de la Famille Omarienne, Thierno Madani Tall, a salué, samedi, le projet de réhabilitation de la mémoire du resistant, Abdoul Bocar Kane, initié par les descendants (Taaniraabé en pular) de cette grande figure de l’histoire du Sénégal.
Né en 1831 à Dabia au Fouta, dans la province du Bosseya (actuelle région de Matam), Abdoul Bocar Kane est considéré comme l’un des derniers résistants à la pénétration française en Afrique, dans la seconde moitié du 19ème siècle. Il est mort en août 1891, assassiné par ses alliés maures sur ordre des Français.
‘’Rappeler l’histoire de ces hommes, ces dignes fils du Fouta qui se sont battu avec courage et dignité pour défendre l’honneur et l’intégrité du Fouta est un projet magique à saluer », a-t-il déclaré.
Le Khalife général de la Famille Omarienne s’exprimait, samedi, dans la soirée, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture des journées culturelles en l’honneur d’Abdoul Bocar Kane, qui se tiennent, samedi et dimanche, dans la commune de Dabia, l’ancienne capitale de la province du Bosseya, actuelle région de Matam.
»Abdoul Bocar Kane et ses compagnons, 30 ans de résistance à la pénétration française dans le Bosseya » est le thème de cette première édition dont le parrain est le président de la République, Macky Sall.
La cérémonie était également marquée par une parade de cavaliers peuls et maures, habillés par la styliste Oumou S’y, en tenu traditionnels représentant les guerriers de cette grande épopée du Fouta.
hommes intègres
Étaient présents le Directeur de la Maison de la culture Douta Seck, représentant du ministre de la Culture, Cheikh Salifou Ndiaye, l’ambassadeur de Mauritanie au Sénégal, Daha Ould Teiss, entre autres, ainsi que plusieurs autorités administratives et coutumières du Sénégal et de la sous-région.
Selon le Khalife, »revisiter cette histoire de manière sincère et honnête est un impératif pour faire connaître la vérité sur le parcours de ces hommes intègres aux jeunes, afin qu’ils s’en servent comme modèles pour le développement du Sénégal. »
Revenant sur les relations profondes qui unissent les peuples sénégalais et mauritanien, l’ambassadeur Daha Ould Teiss, est également d’avis que le fait de réhabiliter la mémoire de ces hommes qui ‘’ont tout sacrifié est un devoir pour forger le socle des valeurs pour la nouvelle génération ».
‘’Pendant trente ans, ils ont réussi à anéantir la communication et la navigation sur le fleuve », a pour sa part relevé l’adjoint au gouverneur de la région de Matam, Mody Thiam. Malgré tout, ‘’ils ne sont pas connus », a-t-il déploré, plaidant ainsi pour une ‘’réappropriation » de cette histoire dans le cadre du projet de réécriture de l’Histoire générale du Sénégal.
‘’Ils ont tout fait pour que le Sénégal garde sa liberté et préserve ses coutumes et mœurs. Et en le faisant, ils ont permis aux gens de se rendre compte de la grande force du Fouta », a de son côté soutenu la chargée de communication de l’Association Taaniraabé Abdoul Bocar Kane, Mariam Selly Kane.
Elle a par ailleurs renseigné que cette association dont l’objectif principal est de ‘’mieux faire connaître connaître l’histoire » d’Abdoul Bocar Kane et de ses compagnons qui ont pris le pouvoir pour ‘’défendre leurs terres contre l’occupation coloniale » a été mise en place place, il y a deux ans, par un de ses petits fils, feu Amadou Mustapha Kane, au crépuscule de sa vie, pour honorer la mémoire de son grand père oublié.