El Hadj Malick Sy ou Maodo est né en 1855 à Gaya dans le royaume du Walo, d’Ousmane et de Fawade Wélé. Plus tard, il séjournera dans le Djolof et le Sine pour les besoins de ses études.
Fils unique de son père, Maodo entra dans la Tarikha Tidiane à l’âge de 18 ans grâce à son oncle, Alpha Mayoro Wélé, frère de sa mère Sokhna Fawade Wélé.
Ce dernier, en phase avec la prédiction de Cheikhou Oumar Foutiyou Tall, lui transmit le « wird ». Après un séjour en Mauritanie, il se rend en 1884, à Saint-Louis.
De Louga, où il resta quelque temps, il se rendit à l’intérieur du pays, en passant par Ndiarndé, où il séjourna sept ans, Diacksao et Pire avant de s’établir à Tivaouane en 1902 à la suite d’une demande, dit-on, du grand notable Djibril Guèye qui l’invita à y rester.
ll construisit sa première « zawiya »(Mosquée) à Dakar. Celle de Tivaouane suivra.
Comme tous les érudits de l’islam, il a écrit beaucoup d’ouvrages, dont les plus célèbres furent « Khilaazaab », « Nouniya »,etc.
Diplomate, il a su éviter les pièges tendus par les colons qui virent très tôt en lui un ennemi, à l’instar de tous les chefs religieux de l’époque.
C’est ainsi que, de 1893 à juillet 1895,il fut convoqué plusieurs fois à Saint-Louis. Mais, ne possédant aucune preuve contre lui, le pouvoir colonial blanc se résolut à l’évidence : El Hadji Malick ne préparait pas une armée pour engager une guerre sainte..
II lui était, dès lors, loisible de continuer ses « wazifa » et la construction de ses mosquées, la seule bataille qui, à ses yeux, mérite d’être engagée. Pouvait-il en être autrement pour un homme qui éleva au rang de sacerdoce son attachement indéfectible au prophète Mohamed (PSL).
Ce pacte qu’il signa avec l’Envoyé de Dieu fut consigné dans un ouvrage à jamais sublime. »II n’existe aucune action que je puisse faire pour toi si ce n’est t’aimer, te célébrer et te suivre », s’était il exclamé dans « Mimiyah ».
Suivant les traces du Sceau des prophètes, Mohamed(PSL), il a formé de nombreux Moukhadams dont Elimane Sakho (Rufisque),Moctar Coumba Diop (Dakar), Serigne Alioune Guèye (Tivaouane), Amadou Lamine Diène (Dakar), Thierno Alioune Kandji (Diourbel), Abdou Cissé (Pire). Auparavant, il se rendit, en 1889, à la Mecque.
Sa mission accomplie, il fut rappelé à Dieu le 27 juin 1922 à Tivaouane ou il fut inhumé.
C’est grâce à son attitude d’un réalisme hautement stratégique vis-à-vis de l’autorité politique qu’Elhadji Malick Sy a pu former une élite intellectuelle dans sa fameuse université populaire de la ville de Tivaoune, qui est aussi la capitale spirituelle d’une grande partie des Tijanes vivant au Sénégal.
« Il déploya une pédagogie dynamique par l’implantation dans et hors du territoire du Sénégal des centres d’éducation, véritables pôles de vivification de l’islam.»
À la fin de leur parcours, Elhadji Malick Sy donnait à chacun de ses élèves une ‘ijâza. Ces derniers « animeront différents zâwiya secondaires et formeront à leur tour, d’autres disciples et adeptes de la tijâniya .» Ils diffuseront les enseignements islamiques et fonderont d’autres écoles pour répandre l’enseignement de Mawdo.
La démarche d’Elhadji Malick Sy, qui consistait à mener une pédagogie d’islamisation par la décentralisation et par l’initiation à la Tijâniyya, est la raison pour laquelle il donnait souvent une ijâza à ses disciples, laquelle izâza les liait directement au fondateur de la Voie : Cheikh Ahmed Tijânî.
Cette ijâza est d’une importance centrale dans le Soufisme puisqu’il faut, pour être compté parmi les mutaṣawwifîn (les aspirant au soufisme), être rattaché « à une silsilah régulière, car la transmission de l’‘‘influence spirituelle’’, disait René Guénon, qui s’obtient par ce rattachement est […]
la condition essentielle sans laquelle il n’est point d’initiation, fût-ce au degré le plus élémentaire. » La raison en est que c’est la chaîne initiatique, silsila « qui a permis d’acheminer jusqu’à aujourd’hui cette présence spirituelle (madad) qui transforme les cœurs en profondeur.»
qu’ALLAH nous fasse bénéficier des bienfaits éternels des efforts de nos pieux prédécesseurs et chouyoukhs. Amine !