Plonger le Sénégal dans une spirale d’instabilité. Et comme tout fanatique, Ousmane Sonko est devenu l’otage de sa propre radicalité. Cet homme a cessé d’être un démocrate. Il est devenu l’allégorie de l’effondrement tragique de l’esprit républicain sénégalais.
Et ses dernières saillies ne laissent plus place au doute. La stratégie est claire. Elle s’articule autour de quelques idées à haute intensité subversive. La contestation de la légitimité présidentielle, le déni de nos institutions, l’intimidation de la magistrature et la stigmatisation publique de membres des forces de de défense et de sécurité nationales.
Tous les ingrédients de velléités aujourd’hui non dissimulées de prendre le pouvoir par la rue ou à tout le moins, de plonger le Sénégal dans une situation d’émeutes permanentes.
Le mauvais génie de la République
En demandant lors du dernier rassemblement de l’opposition où des milliers de jeunes étaient présents, d’aller attaquer les maisons de citoyens sénégalais ciblés avec l’assurance qu’ils y trouveront des milliards, Ousmane Sonko a publiquement enfilé les habits de la subversion. Son discours n’était en rien impromptu. Rien dans son message ne relevait de l’improvisation. Il savait exactement ce qu’il disait. Et si son allocution fortement imbibée de haine et de violence n’est pas un appel à l’insurrection, ça y ressemble fort.
Mais que ce passera t-il si les milliers de jeunes sénégalais venus l’écouter l’autre jour à la place de l’Obélisque, passaient à l’acte lors d’un prochain rassemblement. Il y aura des morts. Certainement par dizaines voire centaines. Alors, et si c’est exactement ce qu’il recherchait ? La guerre civile au Sénégal.
Car depuis plusieurs mois, tout dans sa rhétorique est calibrée pour exalter l’instinct insurrectionnel chez les jeunes sénégalais. Comme s’il voulait obtenir par le sang, ce qu’il n’a pas encore réussi à conquérir par les urnes : le pouvoir. Cet homme qui a toujours pensé incarner le magistère de la vertu et de la morale jusqu’à son implication dans une sombre histoire de viol, est devenu le mauvais génie de la République, une sorte de chevalier noir de l’apocalypse démocratique sénégalaise. Inquiétant, voire effrayant. Autant le dire tout de suite et sans ambages. Ousmane Sonko est aujourd’hui à rebours de l’idée démocratique.
Et c’est homme qui veut nous gouverner. Le 23 mars dernier, l’auteur de ces lignes publiait une contribution , intitulée ‘ AFFAIRE SONKO-ADJI SARR, RÉEMBARQUEMENT VERS LA TERREUR ? qui entre autres réflexions disait ceci : « …Sous sa posture de procureur au réquisitoire de feu, servie par une rhétorique outrancière et guerrière, les appels à la rue et les allusions à l’insurrection populaire ne sont jamais loin. Comme un tonnerre, ses menaces grondent à chaque prise de parole… »
Comme si le réflexe de l’insurrection ou de la rébellion étaient au commande de sa stratégie de conquête du pouvoir. Alors comment cet homme, qui appelle une partie de citoyens sénégalais à aller attaquer d’autres citoyens sénégalais,comment cet homme qui a lancé une fatwa sur la tête d’un groupe de sénégalais avec tous les risques de règlements de compte, de guerre civile que cela pourrait engendrer, peut-il encore oser demander le suffrage du peuple qu’il veutreprésenter en tant que député ou incarner en tant que président de la République.
Aujourd’hui, il y a comme une sorte de terreur exercée par ses partisans sur tous les médias, analystes ou observateurs qui osent aujourd’hui critiquer le « lider Maximo » Ousmane Sonko. Avec tous les risques de se voir lyncher ou menaces sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui c’est tout le monde où presque qui doit penser caché dans la terreur de l’ordre Pastefien, du nom du parti d’Ousmane Sonko.
Peu d’observateurs osent aujourd’hui dire que les outrances insurectionnistes et les promesses fantasmagoriques du maire de Ziguinchor n’ont qu’un seul et même objectif. Pousser à la révolte violente ces milliers de jeunes sénégalais qui n’ont plus trop foi en l’avenir, plongés qu’ils sont pour beaucoup d’entre eux, dans une désespérance destructrice.
Et le fuel permanent de ce désespoir qui alimente le moteur Sonko, est à chercher dans la démonstration ostentatoire de richesse et les frasques récurrentes de la petite galerie d’oligarques tropicauxproches du Président.
Quand un train déraille il s’arrête.
Car à y voir de plus prêt, l’ascension politique du patron du Pastef n’est rien d’autre que la condamnation par exemple, des vulgarités crasses de ce membre iconique du parti présidentiel, qui a osé avouer avoir été victime d’un vol de plusieurs centaines de millions de francs planqués chez lui.
Et c’est justement à lui que tout le monde pense,lorsqu’Ousmane Sonko incite les jeunes à aller attaquer les maisons des membres du régime qu’il assimile à de véritables banques centrales. Et ce sont ces partisans du Président,retranchés dans leurs palais des « mille et une nuits »,complètement déconnectés du pays réel qui sont aujourd’hui,les fossoyeurs de la gouvernance de Macky Sall et les moteurs à propulsion d’Ousmane Sonko dont le populisme primaire est en train non seulement de fragiliser le système immunitaire démocratique sénégalais, mais surtout de provoquer une propagation incontrôlée de la violence politique.
C’est dire qu’il y a urgence d’une autre gouvernance, d’un autre exercice du pouvoir si le chef de l’État veut sortir sa mandature du vertige Ousmane Sonko.
Je ne suis pas dans une sorte de promotion « anti Pastef». J’aien son temps, défendu son leader publiquement dans une contribution intitulée « Alerte à la vendetta contre Ousmane Sonko ». Mais celui qui à l’époque, maintenait allumées les lumières de la vigilance républicaine n’a plus rien à voir avec l’homme qui veut mener le Sénégal vers les ténèbres. Depuis ses accusations de viol présumé. C’est cet homme toujours à la recherche désespérée du pire qui rêve de prendre les commandes du pouvoir. En général quand un train déraille, il s’arrête. Apparemment pas Ousmane Sonko. Lui faire barrage relèverait alors presque, de l’impératif citoyen et démocratique.
Malick SY
Journaliste
Conseiller en Communication