C’est devenu monnaie courante au Sénégal, on ne reste plus une journée sans que d’honnêtes citoyens ne se fassent agresser, dépouiller de leurs biens, malmener et quelques fois même, leurs agresseurs vont jusqu’à leur ôter la vie.
Aujourd’hui, ce phénomène de l’insécurité ne cesse de s’exacerber et d’inquiéter à la fois, les populations et les décideurs. Les auteurs des agressions sont généralement des jeunes âgés en moyenne entre 15 et 35 ans et de même, la criminalité a pris un coup de genre. Si les enfants et les jeunes filles sont les premières victimes dans les crimes de sang comme le viol suivi d’assassinat, des femmes sont aussi impliquées, de plus en plus, dans des cas de violences et d’incivilités urbaines comme la consommation de drogues, la prostitution entre autres formes de délinquance. Et généralement, les agresseurs mis aux arrêts, restent très peu de temps en prison et une fois sortis, recommancent de plus belle à commettre leurs forfaits.
Comme si nous étions au pays de l’impunité.
Ce qui est malheureux et dommage dans les quartiers où d’honnêtes citoyens cohabitent avec les agresseurs, on n’a pas une culture de dénonciation. Beaucoup vivent dans des quartiers avec des personnes suspectes que l’on voit aller et revenir, quelques fois même commettre des crimes et rester sans rien dire de peur d’être réprimé.
On doit se mettre dans la tête que le malfrat que vous laissez traîner dans votre quartier, vaquer à ses occupations, non seulement vous êtes exposés et vous mettez votre propre vie en danger, mais aussi vous mettez la vie de votre famille et celle bien d’autres citoyens en danger.
Il est donc de votre devoir d’aller informer l’autorité de tout soupçon que vous avez sur des personnes que vous ne connaissez pas ou que vous suspectez.
S’il ya plusieurs années, l’on s’accordait à dire que la banlieue était la zone la plus criminogène, maintenant, aucune zone n’est épargnée par ce phénomène qui gagne de plus en plus de terrain, aussi bien dans les quartiers résidentiels de la capitale qu’à l’intérieur du pays. D’ailleurs, on est passé d’une insécurité dictée par l’instinct de survie à une insécurité criminelle.
Ce que l’on voit c’est que malgré les multiples initiatives de sécurisation des personnes et de leurs biens, les choses semblent bien s’enraciner dans une société en plein essor.
Ce qu’il faut dire aussi, c’est qu’au Sénégal, on dispose de peu de connaissances sur les ressorts de la violence et l’efficacité des réponses développées jusque-là pour lutter contre la violence perpétrées par des jeunes.
Les liens existant entre la violence, les situations socioéconomiques, l’exclusion et le cadre de vie font rarement l’objet de productions scientifiques. A maintes reprises, des organisations de défense des droits des femmes et d’autres groupes de jeunes sont montés au créneau pour dénoncer cette recrudescence des agressions et surtout la banalisation des violences envers les femmes.
Ce qu’il y a c’est que, c’est devenu une exigence qu’une réponse ferme des pouvoirs publics aux agressions qui occupent les premières pages des journaux sénégalais soit apportée avec des mesures concrètes.
Il ya aussi que bon nombre de nos concitoyens, trouvent que cette insécurité grandissante est principalement causée par le manque d’autorité d’un État négligeant et pas suffisamment préoccupé par la sécurité des personnes et de leurs biens.
Jusque là, les réponses officielles des pouvoirs publics, les stratégies de résilience développées par les jeunes eux-mêmes, en particulier les jeunes filles, pour faire face aux situations de violence, d’exclusion et d’injustice ne sont pas assez documentées et connues, afin de mieux améliorer les politiques de sécurité au Sénégal.
L’autre point qui me semble important à signaler, c’est la porosité de nos frontières qui constitue un réel danger pour notre société. Il faut une politique préventive de sécurité si l’on veut faire régresser ou éradiquer les agressions.
Les forces de défense et de sécurité doivent multiplier les rondes, les patrouilles et surtout les contrôles d’identité sans distinction aucune ni parti pris comme cela se fait ailleurs pour dissuader les malfaiteurs. Car l’environnement est très propice pour que la violence continue.
C’est pourquoi, il urge pour les autorités de poser le débat en apportant de nouvelles réflexions plus approfondies afin de trouver très vite des solutions à ces agressions qui constituent finalement un frein à l’épanouissement du citoyen qui ne se sent plus en sécurité pour vaquer à ses occupations.
Aly Saleh Journaliste/Chroniqueur